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NégoA pense le métier de négociant à l’horizon 2050

Le troisième congrès régional de NégoA a réuni près de 80 participants, jeudi 27 novembre, à Beaune (Côte-d'Or).

Jeudi 27 novembre, NégoA a organisé son troisième congrès régional à Beaune (Côte-d’Or). L’occasion de réfléchir à la place des négoces de Bourgogne-Franche-Comté et d’Auvergne-Rhône-Alpes dans l’écosystème agricole d’ici à 2050.

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« Dans le contexte actuel dégradé, nos entreprises doivent plus que jamais s’adapter pour rechercher de l’efficience et poursuivre leur accompagnement auprès de nos agriculteurs », présente Xavier Bernard, président du groupe éponyme, à l’ouverture du troisième congrès régional de NégoA, celui des régions Bourgogne-Franche-Comté et Auvergne-Rhône-Alpes.

Organisé jeudi 27 novembre à Beaune (Côte-d’Or), l’évènement avait pour objectif « d’inviter à la réflexion et à l’action pour les missions futures des négoces ».

Xavier Bernard, président du groupe éponyme, a également rendu hommage à François Cholat, décédé à l'âge de 88 ans. « Entrepreneur, visionnaire et bâtisseur, il a consacré une immense partie de sa vie au développement régional de l'entreprise. Il a joué un rôle actif dans les instances syndicales et fédérales dans les domaines de la meunerie, de la nutrition animale et du négoce agricole », a-t-il déclaré. (© Marie Hilary)

Un climat « aride »

En préambule des échanges, Jérôme Salse, directeur de recherche à l’Inrae de Clermont-Ferrand, est venu présenter les résultats d’une étude sur les scénarios socioclimatiques des écosystèmes agricoles en Auvergne-Rhône-Alpes en 2050. Lancé en 2023 par l’Inrae, et mené en collaboration avec 20 partenaires, le projet vise à anticiper l’adaptation des fermes et des filières de la région d’ici à vingt-cinq ans. « Si l’augmentation globale de la température est une certitude, ses conséquences à l’échelle locale restent très incertaines, notamment sur la question de l’accès à l’eau », a présenté le chercheur.

Selon les scénarios, le climat d’Auvergne-Rhône-Alpes pourrait devenir « aride », voire « se tropicaliser », avec des disparités locales importantes. Parmi les solutions existantes « pour réduire les pertes économiques », le chercheur a évoqué le progrès génétique (variétés résistantes), le mélange des cultures ou l’agroforesterie, ainsi que « le pari, dès à présent, de l’instauration de nouvelles filières ». « Il va donc falloir être vigilant, intelligent et réactif dans notre capacité à imaginer la production de demain dans nos territoires », insiste Jérôme Salse.

Un partage de l’eau stratégique

La fédération a ensuite invité plusieurs agriculteurs à témoigner de leurs difficultés. Quatre thématiques ont été abordées : l’accès à l’eau, l’accompagnement des agriculteurs, la construction de filières et l’attractivité des métiers.

« L’agriculture, c’est le produit entre un volume et un prix, a rappelé Gérald Bacconnier, agriculteur et président du syndicat des irrigants dans l’Allier. Or qui dit volume, dit eau. Si le rôle du négoce est de trouver le meilleur prix, il est aussi stratégique dans l’appui de nos démarches pour une nouvelle politique de l’eau. »

De gauche à droite : Corentin Chassagnon, administrateur des JA de Côte-d’Or, Maëlle Galliot, organisatrice du congrès, Gérald Bacconnier, président du syndicat des irrigants dans l’Allier, Jacques Carrelet de Loisy, président de la chambre d’agriculture de Côte-d’Or, et Jérôme Salse, directeur de recherche à l’Inrae de Clermont-Ferrand. (© Marie Hilary)

C’est ainsi qu’en Côte-d’Or un manifeste sur l’eau a été signé, fin octobre, par l’ensemble des acteurs locaux. « Notre souhait, c’est qu’au moins un plan d’eau par village soit instauré pour un usage partagé de la ressource », revendique Jacques Carrelet de Loisy, président de la chambre d’agriculture de Côte-d’Or.

Denis Grizard, commercial chez Bernard, est venu présenter la démarche Agr’eau écologie du groupe. « Elle se base sur le scoring des pratiques aussi bien pour la gestion de l’eau que pour la préservation de la biodiversité, la qualité sanitaire et technologique des céréales ainsi que le carbone », a-t-il précisé. À ce jour, 25 agriculteurs, présents sur des zones de captage ou des zones protégées, sont engagés. Ils devraient être 50 prochainement.

La fonction essentielle du TC

La soirée a aussi été l’occasion de rappeler l’importance du TC pour l’accompagnement des agriculteurs. « Mon technicien a un rôle central dans l’établissement de l’itinéraire technique et des stratégies de traitement, témoigne Corentin Chassagnon, administrateur des JA de Côte-d’Or. Le numérique est aussi un atout pour la prise de décision, en particulier pour le choix de la date de première intervention. »

Quant à Gérald Bacconnier, il fait surtout appel au TC pour l’aider sur la partie réglementaire « en raison de la segmentation des marchés ».

Répondre aux besoins des clients

Si l’instauration de nouvelles filières est nécessaire en raison des évolutions climatiques, elle constitue une prise de risque importante dans un avenir si incertain.

Certains ont fait le choix de se lancer. C’est le cas de Sabarot agriculture (Haute-Loire), filiale de l’industriel Sabarot Wassner spécialisé dans le conditionnement de légumes secs. « Notre stratégie : mettre le client au cœur du dispositif », souligne Damien Anjarry, DG du négoce. L’entreprise a, par exemple, été dans les premières à importer la culture de quinoa en France. « Aujourd’hui, les GMS ont pour stratégie marketing de valoriser le local, c’est pourquoi nous sommes en négociation pour le montage de contrats tripartites », précise le DG.

Enfin, la fédération a tenu à renouveler son engagement auprès des agriculteurs. « À travers le contrat de solutions, Ecophyto ou encore le projet de la chambre de Côte-d’Or de relancer les fermes Dephy, nous poursuivons notre implication à vos côtés », a conclu Marie-Sophie Curtelet, déléguée générale de la fédération.

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